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Sylviane Alaux à la tribune de l'Assemblée

Publié le 31/01/2013, dans Politique | par La Semaine du Pays basque
Sylviane Alaux à la tribune de l'Assemblée

Sylvianne Alaux, députée de la 6ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques,  a tenu à imprimer sa marque dans le cadre de la discussion générale sur le projet de loi mariage pour tous. Voici ses propos, en intégralité :

"J’ai écouté avec attention les arguments des détracteurs de ce projet, en m’efforçant de ne pas les juger mais avec l’empathie de celle qui sait quelque chose que d’autres s’obstinent à ignorer.

Aux arguments « techniques » du législateur, aux postures dogmatiques confinant parfois à l’obstination rhétorique, aux propos honteux qui nous ont été adressés inlassablement pendant des semaines, j’oppose ici un principe fondamental : les homosexuels ne sont pas hors famille, ni hors civilisation.

Nés pour leur immense majorité de parents hétérosexuels, rappelons-le, les homosexuels ont grandi, ont été éduqués et aimés dans des foyers qui sont la preuve que le modèle prôné par les anti-mariage-pour-tous n’a pas de sens en dehors d’un dogme non démontré.

Les vertus pseudo anthropologiques du modèle papa-maman ne sont tout simplement pas la réalité. Les homosexuels ne doivent pas être exclus des modèles évolutifs de notre société, sous le prétexte d’une norme familiale devenue archaïque. Car l’homosexualité participe de cette évolution.
Les homosexuels sont nos frères, nos sœurs, nos parents, nos amis, nos enfants.
J’en témoigne ici, personnellement !

Mon fils a été élevé dans l’amour et l’attention. Il est l’héritier des valeurs morales qui nous fondent son père et moi-même, et dont je ne permets à personne de douter. Mon fils vit avec l’homme qu’il aime. Il a choisi la liberté de dire, d’affirmer, de montrer ce qui fait son bonheur. Et de le vivre. Et il reste mon fils.
L’homosexualité n’est pas un délit en France. Contrairement à l’inceste, la pédophilie ou la zoophilie qui sont punis par la loi.
Ouvrir le mariage aux couples homosexuels est sans rapport avec ces sujets.
C’est pourquoi je considère les rapprochements douteux qui nous sont infligés
- terreau d’un discours virulent que l’opposition n’a pas suffisamment condamné -, comme des insultes qui me sont faites en tant que mère autant qu’à la cause que je défends en tant que législateur.
C’est au nom de tous ceux qui vivent dans le silence, la douleur et parfois dans la honte, sous le regard abject d’une partie de notre société, que j’apporte un témoignage personnel à cette tribune républicaine.
Au nom de tous ceux-là !
Et nous savons bien ici, que nous sommes nombreux à gauche comme à droite de cet hémicycle, à être aux prises avec cette réalité.
Notre rôle n’est pas de ménager des conceptions intimes ancrées dans des théories de civilisation aux allures scientifiques contestables ou encore, dans des certitudes cultuelles.
Notre rôle de législateur est de forger le droit français dans un souci de justice et d’égalité.
S’unir solennellement à la mairie, est un pas. La République ne peut priver quiconque de ce droit. La possibilité d’adopter, induite par le mariage, est brandie comme le signe d’une déchéance de notre société.


Pourtant éduquer des enfants, donner de l’amour, transmettre un savoir, partager les nourritures intellectuelles acquises au cours d’une vie… élever, en somme… et dans certains cas, donner un sens à l’existence d’un enfant qui n’a pas eu sa première chance, n’est pas le domaine réservé d’un papa et d’une maman, « idéalement » unis pour toujours, aimants et aptes a priori.
Rien ne le démontre. Rien ne le prouve. Le prôner ne suffit pas.
La réalité c’est qu’il peut arriver qu’un papa ou une maman soit absents et que le parent resté seul, s’en sorte plutôt bien ; qu’un papa et une maman échouent, ensemble ; mais aussi que des parents –hétérosexuels- détruisent la vie d’un enfant. Il arrive aussi qu’une femme ait un enfant sans père, ailleurs que dans la Bible.
Il peut enfin advenir qu’un couple homosexuel aime et accompagne un enfant jusqu’à ce qu’il vive pleinement sa propre existence.
Celui qui prétend établir un lien entre ces réalités contemporaines et la sexualité de chacun est un imposteur.


Dès lors, en vertu du principe que j’ai posé ici, les homosexuels ne sont pas moins aptes à faire famille que les moralistes qui prétendent en avoir la science.

Ce texte est un symbole républicain. Il dérange. En affirmant une liberté, en restaurant l’égalité devant un droit, en convoquant notre sens de la fraternité.
La France n’est pas en avance sur ce sujet.
Il est temps que la représentation nationale s’honore en adoptant ce texte, qui incarne les grandes valeurs de notre devise républicaine : la liberté, l’égalité et la fraternité… précisément. 

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