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C'est quoi un Bayonnais ? Une réponse, parmi d'autres...

Publié le 11/10/2012, dans Le Pays en parle | par Matthieu Delaunay
C'est quoi un Bayonnais ? Une réponse, parmi d'autres...

Arrivé il y a sept mois à Bayonne, j'ai mis un peu de temps à comprendre et saisir l'essence de cette ville si riche, au caractère trempé. Comme Candide, je suis parti le nez au vent, en quête de Bayonnais pur jus qui ont tenté de m'enseigner la substantifique moelle de leur âme. Une demi-année pour se sentir, un peu, d'ici.

Habiter Bayonne c'est prendre une claque esthétique. Bayonne, c'est beau, simple et cosy. Le premier charme de la ville réside, à coup sûr, dans ses habitants. Car le Bayonnais est multiculturel, sa ville est un port, une confluence, un lieu d'échange. De ce brassage, naît l'identité de la ville. Une identité complexe, savant mélange de Basque, de Gascon, d'Espagnol, de Portugais, et de Juif aussi, du quartier Saint-Esprit. C'est donc une population imbibée. De culture et d'histoire, cela va sans dire. Tolérant et taquin, le Bayonnais est de caractère frondeur. La faute à l'histoire. Et les citadelles sont la pour en témoigner, elles qui ont été construites, non pour défendre la ville, mais pour se défendre de la ville.
Car le Bayonnais semble rétif à toute autorité. Là aussi, c'est un pur produit de l'histoire. Pour s'en rendre compte, il faut faire un bon en arrière. Trois fois rien, huit siècle, du temps où Bayonne appartenait au roi de Navarre. Devenue anglaise jusqu'au 16 e siècle, elle a tour à tour été française puis espagnole puis française encore. Être ballotté entre de grandes cultures et de grandes nations quand on est soi-même membre d'un pays fier et tenace, ça marque.

Avec tout ça, le Bayonnais est un bon vivant, un gastronome même, c'est aussi un bringueur. Mais pour comprendre Bayonne, laissons parler ses habitants. Ce qu'ils aiment dans Bayonne ? " Son architecture, son ambiance. L'architecture pour son côté cocon, sa variété. Tu te sens tout de suite bien à Bayonne. Car c'est aussi une ville qui évolue, dans le regard des gens, la perception de Bayonne change régulièrement. "
S'ils sont aussi amoureux de leur ville, c'est pour l'ambiance " familiale ", qui revient le plus souvent. C'est que les Bayonnais se connaissent pour ainsi dire tous. " Chanter à 1h du matin sur un pont à Bayonne, il y a encore 2 ans, c'était monnaie courante et personne ne disait rien. C'est une ville qui te prend qui t'étreint. Tu fais en quelque sorte partie des murs au bout de quelque temps. "

Et comment vivre en bon Bayonnais ?
" Le matin, il va boire un café, au bar François par exemple. Et puis tu vas manger une omelette au jambon ou au piment aux halles, c'est incontournable. Le matin, le Bayonnais lit le journal en commençant par la rubrique des morts. mais ce trait de caractère est typiquement basque. " Nous sommes tous plus ou moins parents. Manquer le décès de quelqu'un serait comme une insulte à la personne. " Et ce n'est pas qu'une question de génération, j'entends encore un ami Bayonnais me raconter que sa fille, étudiante à Paris, et qui avait pour habitude d'appeler sa famille le matin dans les transports, demandait tout à trac : "et alors? qui est mort". Et le père, pas peu fier de se dire: "toi ma fille, tu as beau habiter Paris, tu es d'ici."

Le soir, il sortira en Peña. L'été, il fuira les bains de foules et les attrapes touristes. Ce n'est pas qu'il n'aime pas le monde, non, c'est simplement qu'il n'aime pas le trop plein. Par exemple, il ne va pas à Saint-Jean-de-Luz pour la fête du thon, il ira à Bidarray. Pendant les fêtes de Bayonne, il déserte à 22h le centre ville. On le retrouvera dans les Peñas, aux remparts ou chez des amis pour déguster des chipirons à la plancha. Et ce n'est jamais concerté, c'est tout simplement naturel.

Indépendant vous avez dit ?
Ses préférences l'amènent aussi souvent vers le versant sud. Dans les cidreries d'Astigarraga ou à Pampelune, le Bayonnais est comme chez lui. Bon vivant donc, mais aussi solidaire, il est aussi (surtout ?) associatif. Toutes les raisons sont bonnes pour mettre la main à la pâte. Il sourit en entendant qu'une étude récente avait mis en lumière le fait que les chômeurs au Pays basque, sont moins malheureux qu'ailleurs, et se dit que c'est peut être grâce au sang familial, accueillant et généreux qui coule dans ses veines.

Et s'il n'avait qu'un défaut ? il a un manque total d'objectivité quand il parle de Biarritz et de rugby. Là, il perd tout. Sens commun et parfois même le nord. C'est qu'il est volontiers taquin, espiègle, malicieux, un trait de caractère forgé par la contrebande qui a connu ses heures de gloire à Bayonne, la capitale du Pays basque nord, le carrefour, le lieu du brassage.

Malgré toutes ses origines multiples, le Bayonnais sait qu'il vient de quelque part. C'est ce qui fait sans doute que le mal du pays, le mal de la cité, le guette comme ses congénères basques et qu'il a tendance à rechercher la compagnie d'autres Bayonnais quand il est loin de chez lui... mais pas que.
Indépendant, indomptable mais fou de sa ville.

Et du cœur, beaucoup de cœur, qui bat en ciel et blanc.

5 COMMENTAIRES »
Par ALBERT MISSIRIAN
Le 13/10/2012 à 09h31
bjr., c'est 1 excellant article, maintenant je sais pourquoi cette ville m'a"envoûté"...Etant marseillais, et toujours "fier de l'être", je retrouve dans cette ville le "Marseille" d'il y a 30ans. C'est pour celà que je dis à mes "nouveaux" amis basques,"Faites attention, préservez vos traditions, et votre langue, c'est votre GRANDE richesse... Lorsque j'ai pris 1 brasserie à Bayonne,(3 1/2) sur la place des Basques, tout le monde m'a pris pour un fou. Aujourd'hui, je dis que les fous, c'est ceux ...J'ai eu 3 1/2 de bonheur avec les Basques...Et je ne suis pas prêt de partir. Même mes enfants (24.et 18ans) qui m'en ont voulu il y a 4 ans, ce sont très vite adapté, et ne veulent plus repartir...BRAVO POUR VOTRE ARTICLE...
Par ALBERT MISSIRIAN
Le 13/10/2012 à 09h30
bjr., c'est 1 excellant article, maintenant je sais pourquoi cette ville m'a"envoûté"...Etant marseillais, et toujours "fier de l'être", je retrouve dans cette ville le "Marseille" d'il y a 30ans. C'est pour celà que je dis à mes "nouveaux" amis basques,"Faites attention, préservez vos traditions, et votre langue, c'est votre GRANDE richesse... Lorsque j'ai pris 1 brasserie à Bayonne,(3 1/2) sur la place des Basques, tout le monde m'a pris pour un fou. Aujourd'hui, je dis que les fous, c'est ceux ...J'ai eu 3 1/2 de bonheur avec les Basques...Et je ne suis pas prêt de partir. Même mes enfants (24.et 18ans) qui m'en ont voulu il y a 4 ans, ce sont très vite adapté, et ne veulent plus repartir...BRAVO POUR VOTRE ARTICLE...
Par Fabien LASSAGNE
Le 12/10/2012 à 12h49
Merci, pour cette article qui fait mouche pour tous les Bayonnais.
Par Cath Balpel
Le 12/10/2012 à 09h08
Voilà, mis en mots, ce que je ressens. Bayonnaise d'adoption depuis 32 ans, (j'en ai 33), j'ai vécu 10 ans à Paris, mais mon coeur et mes tripes sont toujours restés à Bayonne. Ville et mentalité que j'aime tant! J'y suis de nouveau, parce que j'ai tout quitté à la Capitale pour revenir. Et même si ma situation est moins confortable qu'en "haut", je me félicite tous les jours d'être rentrée au pays!
Par Maxime LABEYRIE
Le 11/10/2012 à 23h29
Tout ce qui est dit est vrai. Magnifique article !
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