"Mascarades" entre Montreuil et tardets

Jeudi 28 février, un reportage au “20 heures” de France 2 m’a fait sursauter : on y voyait des habitants d’un quartier, retranchés derrière des barrières barrant leur rue en guise de barricades contre les « envahisseurs » et avertissant le jour- naliste d’un ton décidé : « On va les empêcher d’arriver ; s’il faut, on se couchera dans la rue pour ne pas qu’ils passent »... Un air de “déjà vu” ? Pourtant, on n’était pas à la répétition de la mascarade jouée cette année par les jeunes de Camou-Cihigue – dimanche, elle était représentée à Tardets... Or, cette scène – plus vraie que nature – ne se déroulait pas en Haute-Soule mais aux portes de Paris, où des habitants de Montreuil s’oppo- saient à la mise en place par la municipalité de la mairesse Dominique Voynet (militante “verte” et ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement dans le gouvernement de Lionel Jospin de 1997 à 2001) de « containers métalliques » destinés à loger des familles de Roms « en insertion ». Ces 11 logements modulaires « passerelle » destinés à héberger des familles Roms « en grande précarité », de 21 m2 de surfa- ce et pouvant atteindre une hauteur de 9 m (pour les « duplex ») doivent être disposés sur « un terrain tout en longueur, de 11 m de largeur, et enclavé entre des immeubles, à 3 m de distance des fenêtres des riverains ! » Quant au reportage consacré par France 2 à « l’impossible cohabitation entre Roms et riverains » ! les interviewés y semblent unanimes : « odeur insupportable d’une déchetterie qui brûle sans arrêt, voitures sur les trottoirs qui malmènent les piétons, délinquance en hausse »... Le vigile (africain) d’un super- marché témoigne : « Au niveau des parkings, ils cassent toutes les voitures et prennent, tout : GPS, valises, etc. ». A la question : « Comment savez-vous que ce sont les Roms qui font ça ? », le vigile de répondre : « Il y a des caméras de vidéo-surveillance, on voit tout ce qui se passe, maisonnepeutrien»! Bref, ces « buhemeak » - bien contemporains, ceux-là – ne sont pas les bienvenus, en particulier dans la région parisienne où ils dépasseraient la dizaine de milliers.
Chez nous, la situation n’est pas meilleure si l’on en juge par l’actualité la plus « brûlante de ces derniers jours ». Ainsi, il y a peu, la Cour d’assises des mineurs des Pyrénées-Atlantiques jugeait trois « hom- mes », dont deux mineurs au moment des faits, pour la séquestration pendant 21 heures d’un jeune de 19 ans assortie d’extorsion avec armes et de vol en réunion. Deux individus entrés dans son véhicule garé sur un parking de Pau et le menaçant avec un couteau sous la gorge l’avaient entraîné dans un périple de Pau à Tarbes, puis de Bayonne vers la Côte basque via l’Espagne pour le délester de tout l’argent qu’ils avaient pu retirer avec sa carte bleue. « Certains de ses ravisseurs, des gens du voyage, l’ont conduit dans un camp où ils ont sorti des armes et l’ont fouillé, coups de poing à l’appui. Quentin avait cru que sa dernière heure était arrivée », a encore relaté son avocat. Parfois, l’affaire tourne au drame comme dans le cas du meurtre du jeune Jérémy Censier, 19 ans, poignardé à mort lors des fêtes de Nay par un jeune homme de 17 ans issu d’une famille de Gitans sédentarisés à Nay. Il ne s’agit certes pas de culpabiliser ou de désigner à une quelconque « vindicte » les « gens du voyage » dans leur ensemble, mais il est évident que les agissements de certains des leurs finissent par rejaillir sur toute une communauté – par ailleurs fort honorable et pétrie de remarquables traditions culturelles et artistiques -. Car, il n’est question que de « Roumains » écroués à Toulon après la découverte de leur cachette, véritable caverne d’Ali Baba, remplie de parfums de luxe, vêtements de marques, matériel hi-fi et vidéo, pièces automobiles, cartes bleues vierges et falsifiées, et un encodeur de cartes ; jeudi der- nier, d’après l’AFP, il s’agissait de l’arrestation de 16 personnes dans des camps roms et de gens du voyage à Ris-Orangis, Corbeil-Essonnes et Quincy-sous-Sénart (Essonne) qui permettait de démanteler un réseau de prostituées âgées de 25 à 50 ans, toutes Roms, qui officiaient le long de la nationale 6 et dans des résidences sociales et des bar-restaurants du département. Toujours la semaine dernière, plusieurs membres de la communauté des gens du voyage installée à Mon- talieu-Vercieu (Isère) ont été cueillis au retour d’une escapade nocturne à Dampierre-sur-Salon (Haute-Saône) où ils avaient arraché un distributeur automatique du Crédit agricole à l’aide d’un camion-grue. Sans compter des règlements de compte « internes » (une femme de la commu- nauté des gens du voyage a eu la gorge tranchée en plein supermarché dans la Loire, une autre abattue en pleine rue à Clermont-Ferrand, etc.). Et, la liste s’allonge.