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Le descendant d'Henri III de Navarre ou les leçons de l'Histoire

Publié le 06/03/2013, dans Les chroniques de La Semaine | par La Semaine du Pays basque
Le descendant d'Henri III de Navarre ou les leçons de l'Histoire

Parmi les quelques trois-cents invités qui se pressaient à la soirée – désormais traditionnelle – que notre journal organise au Trinquet de Paris à l’intention de ses lecteurs et abonnés d’Île-de-France, la présence du Chef de la Maison de France – et de Navarre – accompagné de la Comtesse de Paris n’est pas passée inaperçue.
De son adolescence à Pampelune et au collège de Lecaroz – là-même où, une décennie plus tôt, le Père Donostia recevait Ravel – jusqu’à son mariage religieux à Arcangues, les occasions n’avaient certes pas manqué au Comte de Paris d’affermir ses liens familiaux avec la Navarre et le Pays Basque.
Or, l’année écoulée, 2012, marquait plusieurs centenaires dans notre histoire. Et, au fil de cette destinée mouvementée, les dynasties qui ont régné sur la Navarre – « Nafarroa, Euskadi lehena », comme la chantait Michel Labéguerie – se sont incarnées dans ces événements déterminants.
Trois siècles après que, le 16 juillet 1212, à Las Navas de Tolosa, loin des terres basques, le roi de Navarre Sanche VII « le Fort » et ses chevaliers eurent pris une part déterminante dans la victoire des troupes chrétiennes coalisées sur celles du calife almohade Muhammad an-Nasîr - bataille décisive à plus d’un titre pour l’avenir de la Navarre et de toute la Chrétienté - l’invasion espagnole de 1512 ne laissait à la dynastie légitime des Albret que le petit appendice bas-navarrais d’« ultra-puertos ». L’ancêtre de notre hôte, Henri III d’Albret et de Bourbon, roi de Navarre, en hérita avant de monter sur le trône de France comme Henri le quatrième…
Dans l'avant-propos de son essai historique « Henri IV en Gascogne » paru en 1885, Charles de Batz remarquait : « Quelque digne de l'admiration universelle que soit l’œuvre d’Henri IV depuis 1589 jusqu'à sa mort, il n'en est presque rien de grand, presque rien d'heureux pour la France, que le roi de Navarre n'eût déjà manifestement voulu, projeté et entrepris. Avant de succéder à Henri III (de France, ndlr.), il avait donné la mesure de son génie et laissé lire jusqu'au fond de son cœur. Capitaine, il portait en lui les secrets de la victoire, depuis Cahors et Coutras ; politique, il arrivait au trône avec la connaissance approfondie des hommes, des idées et des besoins de son temps ; pasteur de peuples, il avait fait entendre, le premier, au milieu des guerres civiles, ces mots sacrés de paix, de tolérance, de pitié, oubliés dans la fièvre des compétitions et la barbarie des luttes ». Il saura « assainir », à la mort de sa mère Jeanne d’Albret qui avait embrassé ostensiblement la religion réformée en tentant de l’imposer de force à ses sujets, la situation religieuse en Basse-Navarre et en Soule livrées aux guerres de religion. Henri de Navarre était « Henri IV » avant que le flot des événements l'eût transporté de Gascogne (et de Navarre) en France, comme on disait au XVIe siècle. « Quand il y fut, l'homme et l’œuvre s'accomplirent ».
Après l’assassinat d'Henri IV  par Ravaillac auquel Jean-François Bège a consacré un ouvrage passionnant aux Editions Sud-Ouest, un véritable « roman d’amour et une légende » lièrent le souvenir du souverain à ses sujets qui « s’étaient rendus compte de ce qu’ils avaient perdu, soit vingt années de paix et de prospérité retrouvée »…

Entre le roi et les « peuples de France »

Jean-François Bège était donc particulièrement heureux de retrouver à la soirée de « La Semaine » le descendant direct du roi de Navarre, d’autant plus que son livre lui avait valu le Prix littéraire des Trois Couronnes dont le nom évoque la montagne qui se découpe sur nos horizons et servit en quelque sorte de borne frontière entre trois royaumes ou, si l’on préfère, trois Couronnes : France, Navarre et Castille. Précisément, le Comte et la Comtesse de Paris n’avaient-ils pas honoré, à la veille de leur mariage à Arcangues, le 350e anniversaire de la Paix des Pyrénées entre les couronnes de France et d’Espagne qui avait réuni au château d’Urtubie une cinquantaine de consuls en poste le long de la chaîne des Pyrénées et représentant près d’une trentaine de pays, à l’invitation de l’Union des Consuls Honoraires en France et de son délégué régional, également l’auteur de ces lignes ?
De fréquents séjours ramènent désormais les Princes dans nos provinces basques, à Ascain, Arcangues, et jusqu’à Béguios où, en juillet dernier, comme chaque été, les Princes retrouvent leurs amis. « L’herbe très verte avec ses vaches et ses moutons, j’en aurais mangé tant j’éprouve de bonheur devant ces paysages », lance la Comtesse de Paris en contemplant la succession de collines et de landes qui mène en Basse-Navarre et lui rappelle d’heureux souvenirs d’enfance au Pays Basque !
En digne successeur de ses ancêtres royaux de Navarre, Monseigneur n’hésite pas à réaffirmer qu’« un pouvoir qui ne respecte pas les différences et la multiplicité, pourtant inhérentes et nécessaires à notre monde, tendra à opérer une uniformisation politique, économique et sociale où tout ce qui est hors norme devient incorrect (…) La véritable unité se construit par le haut, tandis que la caricature de l'unité, c'est-à-dire l'uniformité, égalise par le bas (…) Or, le génie de la France réside dans sa diversité même, source de liberté. L'historien Jacques Bainville disait que du temps de nos rois, la France était hérissée de libertés. Mais cet état de libertés s'accompagnait nécessairement de responsabilités, et la multiplicité de la France se trouvait alors cimentée par les liens d'amour existant entre le roi et les peuples de France ». Il faut croire que les dernières péripéties du pouvoir jacobin gérant l’actuelle république, entre la négation obstinée de toute « personnalité » territoriale opposée à nos provinces basques et le recul continuel de leur langue, dans un climat de faillite économique, ont considérablement distendu ces liens avec ces « peuples de France »…

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