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Histoires de halles...

Publié le 05/02/2013, dans Les chroniques de La Semaine | par La Semaine du Pays basque
Histoires de halles...

Je vous ai parlé de l’exposition sur Baltard que j’ai eu le bonheur de découvrir à Paris.
Magnifique exposition, très bien mise en scène, au cinquième étage du Musée d’Orsay.
De cette exposition, j’ai ramené dans ma musette un excellent petit ouvrage entièrement consacré aux Halles de Baltard, si célèbres à Paris, et connement détruites. Ce que tout le monde regrette aujourd’hui, alors que la municipalité parisienne engage encore des millions d’euros de travaux pour réaménager ce lieu de fond en comble !
Certes, ce site, d’une rare laideur, bat des records assez étonnants : la plus grande gare de Paris (800 000 voyageurs par jour), le centre commercial le plus fréquenté de France (41 millions de clients par an) et un « jardin » de quatre hectares au cœur de la ville.

Je me souviens aussi des Halles de Bayonne. Non pas des plus anciennes, mais de cette monstruosité en béton qui a défiguré l’un des endroits les plus fameux de la ville pendant quelques décennies. Mon Dieu, que c’était moche. Un grand parallélépipède blanc « dégueulasse » et marronnasse qui accueillait les stands des marchands au premier étage, et au niveau de la rue un immense espace qui servait notamment, le vendredi, de cadre au Marché aux puces. C’était bien le seul intérêt de ce bâtiment... Aux étages supérieurs, on pouvait y entasser des bagnoles grâce une double rampe d’accès. Une horreur qui avait succédé à un charmant bâtiment, certes un peu vieillot.
Ces nouvelles Halles (qui devaient dater du début de mandat d’Henri Grenet. 1962, si mes informations sont bonnes…) auraient pu tenir plusieurs siècles ! Mais en homme intelligent, le docteur Grenet a compris que ce fut une erreur fameuse que de laisser se construire pareille « merde » et il ordonna la destruction de ce bâtiment pour y reconstruire un nouveau marché – charmant et de dimension plus modeste – dans le pur style de Baltard.
Je ne sais pas si le docteur Henri Grenet fut vraiment à l’origine de ces premières Halles en béton, mais il me semble bien que oui... En tout cas, cela démontre qu’un homme politique intelligent – ce qui était le cas du maire de Bayonne – peut comprendre que l’on s’est lourdement trompé et réparer ses erreurs.

A Biarritz, les Halles sont aussi en pleine rénovation. Mais cette fois, le maire, Didier Borotra, a compris qu’il fallait absolument préserver l’âme des deux bâtiments qui les composent et il s’est lancé dans une spectaculaire rénovation qui s’annonce fameuse. Et on ira garer les bagnoles un peu plus loin, ce qui n’est pas un mal !
Ce genre d’histoire donne confiance dans l’avenir, car l’on peut imaginer que les politiques ne nous entraînent pas forcément dans une spirale infernale de laideur et de dégénérescence !
L’immonde transformation de la France, et donc de ses provinces, entamée à la fin du second mandat du général de Gaulle – et encouragé par le délire de Georges Pompidou et de son épouse – semble laisser la place, désormais, à la construction de bâtiments publics de meilleure qualité. Tout n’est certes pas parfait, mais l’architecture à Biarritz, à l’exemple de bâtiments comme la Médiathèque ou la Cité de l’Océan, est une réelle réussite.
De plus, je reste persuadé qu’il faut encourager la construction de parkings souterrains pour développer à la fois le commerce, le confort des résidents, la disparition de ces bagnoles en surface et la beauté des paysages. Charles Trenet, que je cite souvent (!) ne disait-il pas drôlement mais justement : « Ce que je trouve le plus utile, ce sont les parkings souterrains. Oui, j’aime beaucoup que l’on en construise, parce que ce qui est poétique dans un parking souterrain, c’est que dessus, l’on construit un jardin ! »

Au début des années 70, Pompidou aurait pu sauver les Halles ! Voici ce qu’en disent Patrice de Moncan et Maxime du Camp dans leur remarquable ouvrage : « En 1970, les pavillons de Baltard accueillirent un ensemble d’activités artistiques et culturelles (pièces de théâtre, expositions, concerts…). Naquit alors l’espoir de voir ces pavillons poursuivre leur carrière en lieu de spectacle. Pourquoi les détruire ? Maintenant qu’ils étaient vides, il paraissait évident à de très nombreux Parisiens que ces bâtiments, véritables trésors de l’architecture du XIXe siècle, devaient être conservés pour renaître en salles de concert, galeries d’art, ou même galerie marchande.
De nombreuses pétitions furent signées dès 1971 qui réclamaient la protection des pavillons. Personnalités du monde entier ou Parisiens anonymes, tous réclamaient leur sauvegarde et l’annulation des projets de réorganisation du quartier, dont celui d’un immense centre commercial que l’on appelait déjà le Forum, projet présenté par l’Atelier Parisien d’Urbanisme, et conseillé par les architectes Louis Arretche et Pierre Faucheux, l’un des proches du Corbusier (il est amusant de savoir que ce fameux Louis Arretche est celui qui, dans le cadre d’une mission de l’Etat, décida que l’on construirait le Victoria Surf à Biarritz ! Comme quoi…). Ce projet est adopté par le Conseil de Paris cette même année, et la démolition des pavillons s’engage dès le mois d’août 1971. »

Les Halles de Paris comprenaient douze pavillons remarquables. Un seul fut sauvé : « Le douzième » (en réalité l’ancien pavillon N°8 consacré aux légumes et sauvé par les édiles de Nogent-sur-Marne qui, après l’avoir démonté pièce à pièce, le firent remonter dans leur ville. Depuis quarante ans, y sont montées avec succès des émissions de télévision et des festivals de musique dans son décor qui fait toujours merveille.)

Grande leçon de l’histoire à méditer…

Baltard les halles de Paris – Les Editions du Mécène – 14,90 euros.

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