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Les pionniers de la renaissance basque

Publié le 11/02/2013, dans Les chroniques de La Semaine | par La Semaine du Pays basque
Les pionniers de la renaissance basque

A l’heure où l’identité basque est attaquée de divers côtés, depuis la négation de toute possibilité de représentation institutionnelle jusqu’à la perspective d’effacement même des cantons souletins et bas-navarrais existants en passant par la contestation du financement des écoles en langue basque, il était utile de rappeler les débuts d’une action résolue au tournant des années 80 qui avaient porté ses fruits. Organisée à Espelette sous l’égide de la société d’études universitaire Eusko Ikaskuntza, une conférence de l’historien Jean Claude Larronde, suivie d’un débat avec les principaux protagonistes, rappelait comment un groupe de militants qui prit le nom de « Izan » en se définissant « Collectif abertzale (patriote, en basque) autogestionnaire » avait entamé plusieurs « chantiers-phares » entre 1979 et 1984. Au cours de cette période mouvementée et compliquée - certains allaient jusqu’à qualifier de « terroriste » le fandango, refusant tout contact avec les autorités basques d’Espagne accusées de pousser au « séparatisme » -, il s’avérait pour le moins téméraire, voire dangereux, de promouvoir la revendication institutionnelle d’un département Pays Basque doté d’un statut de la langue et de la culture Basques. Si la présence « abertzale » aux élections municipales n’eut pas les résultats escomptés, du moins des contacts avaient-ils été établis avec le Parti Socialiste (en particulier Christian Laurissergues, député du Lot-et-Garonne et délégué du parti aux Identités Régionales, basque par sa mère, et avec les élus de la Côte Basque, en particulier Nicole Péry ; également avec le Parti Républicain ainsi qu’avec une forte délégation centriste locale, dont Bernard Darretche, Pierre Létamendia, Michel Labéguerie, Michel Epherre, etc. De nombreux maires furent approchés grâce à Marie-Andrée Arbelbide, maire de Hélette, Paul Dutounier, maire de Sare et Président du Biltzar des maires du Labourd et Michel Berger, maire de Villefranque. Izan initia ainsi une campagne de signatures de ces maires mais aussi de sportifs (joueurs de rugby et de football, pilotaris), d’académiciens basques, de prêtres et de syndicalistes. Ce travail de fond permit la création de « l’Association des élus pour un département Pays basque » le 21 juin 1980 lors d’une Assemblée Générale Constitutive à la mairie de Macaye.
On se rappelle qu’à presque trente ans de distance, la réponse du Pouvoir en 1982 avait anticipé celle d’aujourd’hui. Cependant, contrairement à la fin de non-recevoir actuelle du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, son prédécesseur Gaston Defferre avait-il « nuancé » en affirmant « vouloir encore réfléchir à ce problème, voir comment on peut engager mon action, quelle méthode adopter »... Ce qu’il en advint préfigure, hélas, l’avenir le plus immédiat.
Parallèlement, en matière de développement économique, Izan enclenchait le « Plan 1500 emplois » en créant l’association Hemen et la Société Anonyme Herrikoa (dont les pierres angulaires furent Patxi Noblia, de la Sté Sokoa, et Jean-Louis Harignordoquy « Laka ») destinées à pallier le manque de réinvestissement sur place de l’épargne basque orientée hors du pays au lieu de contribuer à la création d’emplois dans un Pays Basque déjà en proie au chômage. Des 300 actionnaires-souscripteurs de la première année aux 1525 en 1984, année où le capital atteindra 5 232 500 Francs en ayant permis la création de plus d’un millier d’emplois entre 1981 et 1984, ce volet économique d’Izan constituera sans nul doute sa plus grande réussite, un mouvement qui ira crescendo jusqu’à aujourd’hui, avec des résultats particulièrement encourageants.
Le développement des échanges transfrontaliers vit la création de l’association Iruña pour le Jumelage Populaire Bayonne-Pampelune activée par Jakes Abeberry, Joseba Aguirre, Michel Burucoa, Peio Daverat, Jean-Louis Harignordoquy, Mirentxu Irigoien, Antxon Lafont, Pantzi Noblia, Patxi Noblia, Jean Claude Larronde et Javier Yaben (avec semaine culturelle de Pampelune à Bayonne, repas de 700 couverts sous les Halles de Bayonne, concert au Théâtre Gayarre de l’Orchestre régional dirigé alors par l’emblématique Daniel Dechico, expositions, conférences, cinéma, kantaldi, dantzaldi, rencontres rencontre entre les médecins et épreuves sportives (pelote, match de football entre l’équipe de l’Osasuna et une sélection bayonnaise, natation, judo, rame, cyclotourisme, rugby, handball et basket féminin) - la plupart de ces manifestations étant gratuites.
Enfin, la Fédération des artistes, intellectuels et animateurs culturels basques Ereileak – dont l’auteur de ces lignes était vice-président – organisa à Villefranque, sous l’autorité de Philippe Oyhamburu, une mémorable semaine culturelle avec de passionnantes projections de films inédits (projecteurs et pellicules « passées » depuis Donosti) et une brillante soirée de clôture au château de Larraldia, avec l’argenterie d’origine… Et des « xamarras » de soirée cousues par Sabine Oyhamburu !
En conclusion, selon Jean Claude Larronde, les idées lancées par Izan, les questions soulevées, les débats suscités et surtout la méthode qui avait été employée nous paraissent encore d’une brûlante actualité en demeurant au cœur des problématiques de la société basque d’aujourd’hui.

2 COMMENTAIRES »
Par Jean-Pierre Aren
Le 12/02/2013 à 11h34
Bonjour Alexandre, Je viens de lire ton papier sur les relations transfrontalières et tu cites un certain nombre de personnes, et m’oublies. J’étais en effet dans le comité organisateur de ce mouvement Iruña avec pour corser le tout, un ennui à Dantcharinea. Daverat avait tout prévu avec son ami (dont je n’ai jamais su le nom) et je portais les vins et alcools pour Pierrot Marmouyet qui devait cuisiner la comida de amistad au restaurant Aralar. Las, un garde civil m’a arrêté, pour avoir franchi la frontière “con gran velocidad” ce qui n’était pas le cas puisque je transportais des vins qui n’avaient pas besoin d’être secoués. Une voiture française (elle avait été volée, une GS citroën) me poursuit avec deux policiers espagnols à bord, un pistolet braqué sur moi, et retour au poste frontière. Je suis invité à aller au cuartel de la guardia civil où commence l’interrogatoire. Je nie toutes les accusations du garde qui demande l’aide du teniente commandant le cuartel. Je ne varie pas et j’use de ma persuasion et de mon espagnol pour raconter l’histoire. On me laisse revenir à Bayonne, la marchandise demeurant sur place. Pierrot Marmouyet que j’appelle dès la frontière franchie, me traite de con, merci, et prévient la Sous-préfecture où M. Avril règle le différend contrebandier. L’après-midi, j’ai pu revenir à Pampelune et assister au concert de l’orchestre de Bayonne au Théâtre Gayarre, et au repas du lendemain. Pierrot Marmouyet qui cuisinait le lendemain, mardi, a trouvé les vins posés devant la porte de la douane à Dancharinea et l’équipage du mardi a pu tout amener à Pampelune. Ma voiture, une ford taunus bleue marine avait été surnommée “el coche funebre”. Une vidéo a même été réalisée à l’époque. Je l’ai mais ne peux pas l’ouvrir. L’histoire avait fait grand bruit mais “l’illustrissimo señor conrabandista” selon la formule consacrée a pu vivre pleinement cette semaine de jumelage dit populaire. Jean-Pierre Aren.
Par AboutBC
Le 11/02/2013 à 16h54
Eskerrik asko. Merci beaucoup http://blog.aboutbc.info/2013/02/11/los-pioneros-del-renacimiento-vasco-en-iparralde/#axzz2KbeauaRI
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